• Emberlificoter

    Gare à ne pas s’   emberlificoter
    en voulant prononcer ce verbe aux six syllabes,
    et dans l’ordre s’il vous plait !



    Vous comprenez immédiatement  celui qui énonce :  EM BER LI FI CO TER

    Pas besoin de dictionnaire, il suffit d’écouter attentivement la musique du mot et d’un peu d’imagination … Vous le visualisez …

    Au sens propre, c’est s’empêtrer, s’entraver dans une corde par exemple.

    « Le nain traînant le grand sabre, s'y emberlificotant les jambes".

    Hugo, Correspondances.

    «  Il s'avança vers Gervaise, les bras ouverts, très ému. − T'es une bonne femme, bégayait-il. Faut que je t'embrasse. Mais il s'emberlificota dans les jupons, qui lui barraient le chemin et faillit tomber. »
    Zola, L'Assommoir, 1877, p. 509.


    Au sens figuré,
    c’est l’art d’influencer,  de séduire,  en vue de convaincre  quelqu’un, par des paroles ou des promesses !

    « Ce qu'il y a de terrible, ma petite, reprend le patron presque ému, c'est que des Arthur Gérane puissent emberlificoter couramment de braves filles comme vous »

    Hervé  Bazin, Tête contre murs 1949

     

    Plus ancien encore, -emberlificoter date du XVIIIe s.), il y a

    EMBOISER (XVIIe s.) issu du vieux français : boisier c’est-à-dire « dire des sottises ».  

    EMBABOUINER  ( !) oui, oui ! cela vient du babouin !  
    Victor Hugo s’est permis de créer l’adjectif  utilisant le participe passé :

    « Ses lèvres rentraient sous ses gencives, et elle avait tout autour de la bouche des pinceaux de poils blancs qui lui donnaient la mine embabouinée d'un chat »
    N.-D. Paris, 1832

    Qu’à cela ne tienne ! me direz-vous,  lui, le plus grand écrivain français, 
     il en a bien  le droit !


    De nos jours on embobine plus qu’on emberlificote ! Le sens est identique mais il y a  une nuance supplémentaire : l’acte est prémédité et souvent plus cupide !


    Mais que faire pour se défendre si ce n’est utiliser la cautèle ? Cette prudence mêlée de ruse ? L’art de combiner avec subtilité l’astuce, la précaution, la diplomatie...

    « Tout ce monde lui parut sombre, tendu, plein de cautèle et de griefs »

    De Gaulle, Mémoires de guerre, 1956

     

    « Il n'y a pas de vie sans amour Une énigme signée Voltaire ... »
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  • Commentaires

    4
    Pierrrot
    Jeudi 6 Mai 2010 à 21:29
    Superbe sera mon seul commentaire de peur de ... m'emberlificoter!
    3
    Dimanche 18 Avril 2010 à 18:54
    Bonjour,

    Je viens de découvrir ton blog. Très intéressant.
    Bonne continuation à toi sur le réseau EklaBlog

    Payda
    2
    Samedi 17 Avril 2010 à 17:56
    Ce mot n'a, effectivement, pas besoin de l'explication du dictionnaire!
    c'est fou, comme certains mots se suffisent à eux mêmes.....volupté en est un exemple!
    Je suis tellement submergée par la musique que j'ai du mal à saisir mon com! ça aussi c'est fou! je reste! Merci! Bisous
    1
    Mercredi 14 Avril 2010 à 15:45
    Seul emberlificoter m'est familier
    Cet air gnosien sait me charmer,
    Et pourquoi de la sorte rimer,
    Me sens-je obligé?

    guy
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