Agés de 5 à 6000 ans ces amoureux sont enlacés pour l'éternité !

(Mantoue, ITALIE)


Il y a maintenant trois ans, à la même époque, c'est-à-dire près de la St Valentin, fête des amoureux, on fit une très jolie découverte, à l'occasion de travaux de construction à Mantoue, non loin de Vérone :

 

En effet on mit au jour, les squelettes de deux jeunes adultes,  enterrés depuis 5 à 6000 ans !

Les squelettes  se trouvaient face à face, enlacés pour l’éternité !

Ils ne furent pas séparés, bien au contraire : ils sont exposés dans le musée archéologique de la commune.

Mantoue, Vérone…Il fut irrésistible de rapprocher cette découverte de  la

Tragique histoire d’amour de Roméo et Juliette !

Ecrite par Shakespeare, au XVI e siècle (1594-1595).

Beau cadeau en ce 14 février 2007, que ce tombeau d’amour illustrant l’histoire de nos célèbres amants ! Le hasard a fait là un beau clin d’œil à la littérature ! Mais est-ce le hasard ?

Le balcon de Juliette - Vérone- Guilhem Dulous


Les histoires d’amour-passion, où l’un des amants choisit volontairement de rejoindre l’autre dans le Tombeau ont toujours existées. Shakespeare, lui-même s’est sans doute inspiré de « Pyrame et Thsibé », écrit en 110 vers par Ovide (Shakespeare aimait beaucoup Ovide).  
L’histoire de Roméo et Juliette à Vérone  était écrite par Luigi DA PORTO , Shakespeare l' a  réécrite en 3000 vers environ,  alors que le premier texte n'était qu'une nouvelle...  Celle – ci est présentée dans ce court texte comme une histoire vraie colportée oralement  :

« Dans le temps où Bartolomeo della Scala, seigneur plein de bonté et d'honneur, gouvernait ma belle patrie (vers 1330), il y avait, à ce que m'a dit mon père qui lui-même l'avait entendu raconter, il y avait, dis-je, dans Vérone deux très nobles familles, divisées par une haine privée ou produite par la différence des factions auxquelles les chefs de maisons se rattachaient. L'une était celle des Montecchi, l'autre celle des Capolletti.. ..»
Luigi DA PORTO

La force des sentiments  a donc régulièrement été poussée à l’extrème dans la littérature,   illustrant  ainsi  la puissance de la passion amoureuse …

Tristan et Iseult :
" Ami Tristan, dit-elle, quand je vous vois mort, je n'ai plus de raisons de vivre. Vous êtes mort pour mon amour, et je meurs de tendresse et de regret de n'avoir pu vous secourir. Ami, ami, je n'aurai plu jamais confort, joie et santé. Maudite soit cette tempête qui me fit demeurer en mer ! Si je fusse venue à temps, je vous eusse rendu la vie, et vous eusse parlé longuement, doucement de nos amours ; je vous eusse rappelé nos aventures, nos joies, nos peines, tout ce qui fut notre étrange destinée. Puisque je n'ai pu vous rappeler à la vie, qu'au moins je vous rejoigne dans la mort, que j'aie confort avec vous, comme autrefois du même breuvage." Alors, elle l'accole, lui baise la face et les lèvres, l'embrasse étroitement, s'enlace à lui corps à corps, bouche à bouche, et à ce moment jette un long soupir ; son coeur lui manque et l'âme s'envole : Iseut est morte pour son ami. »

 

 Antigone et Hémon :
Celle-ci est condamnée à mort pour n’avoir pas respecté la loi de Créon lui interdisant de donner sépulture à son frère. "je l'ensevelirai, et il me sera beau de mourir pour cela. Ayant commis un crime pieux, chère je me coucherai auprès de qui m'est cher ; car j'aurai plus longtemps à plaire à ceux qui sont sous terre qu'à ceux qui sont ici. C'est là que je serai couchée pour toujours"
Antigone de Sophocle
Hémon, son fiancé, se jette dans son tombeau et se laisse ensevelir vivant au pied de sa bien-aimée.

Et finalement, qu’éprouve –t-on  à la lecture de tels scénarii ?Ne pressentons-nous en nous mettant à la place de ces amoureux, quelque chose de proche de ce que Baudelaire écrivit en ces vers ? :

   Nous aurons des lits plein d'odeurs légères,
    Des divans profonds comme des tombeaux
    Et d'étranges fleurs sur des étagères

    Usant à l'envi leurs chaleurs dernières,
    Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux,
    Qui réfléchiront leurs doubles lumières
    dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux

    Un soir fait de rose et de bleu mystique
    Nous échangerons un éclair unique
    Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux ;

    Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes,
    Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
    Les miroirs ternis et les flammes mortes.

Les fleurs du Mal -Baudelaire